mardi 8 novembre 2016

CHAPITRE SEPT: VENDREDI





QUESTIONS DE COMPRÉHENSION (à repondre sur le cahier pour le mardi 15 novembre)


1. Comparez les différentes réactions des deux Robinson lors de la rencontre de Vendredi. Quel en est votre avis? (3 points)


 "Tandis que je regardais ainsi, j’apperçus par ma longue-vue deux misérables qu’on tirait des pirogues, où sans doute ils avaient été mis en réserve, et qu’alors on faisait sortir pour être massacrés. J’en vis aussitôt tomber un assommé, je pense, avec un casse-tête ou un sabre de bois, selon l’usage de ces nations. Deux ou trois de ces meurtriers se mirent incontinent à l’œuvre et le dépecèrent pour leur cuisine, pendant que l’autre victime demeurait là en attendant qu’ils fussent prêts pour elle. En ce moment même la nature inspira à ce pauvre malheureux, qui se voyait un peu en liberté, quelque espoir de sauver sa vie ; il s’élança, et se prit à courir avec une incroyable vitesse, le long des sables, droit vers moi, j’entends vers la partie de la côte où était mon habitation.
Je fus horriblement effrayé, – il faut que je l’avoue, – quand je le vis enfiler ce chemin, surtout quand je m’imaginai le voir poursuivi par toute la troupe. Je crus alors qu’une partie de mon rêve allait se vérifier, et qu’à coup sûr il se réfugierait dans mon bocage ; mais je ne comptais pas du tout que le dénouement serait le même, c’est-à-dire que les autres Sauvages ne l’y pourchasseraient pas et ne l’y trouveraient point. Je demeurai toutefois à mon poste, et bientôt je recouvrai quelque peu mes esprits lorsque je reconnus qu’ils n’étaient que trois hommes à sa poursuite. Je retrouvai surtout du courage en voyant qu’il les surpassait excessivement à la course et gagnait du terrain sur eux, de manière que s’il pouvait aller de ce train une demi-heure encore il était indubitable qu’il leur échapperait.
[...]

Mon esprit conçut alors avec feu, et irrésistiblement, que l’heure était venue de m’acquérir un serviteur, peut-être un camarade ou un ami, et que j’étais manifestement appelé par la Providence à sauver la vie de cette pauvre créature. Aussitôt je descendis en toute hâte par mes échelles, je pris deux fusils que j’y avais laissés au pied, comme je l’ai dit tantôt, et, remontant avec la même précipitation, je m’avançai vers la mer. Ayant coupé par le plus court au bas de la montagne, je me précipitai entre les poursuivants et le poursuivi, et j’appelai le fuyard. Il se retourna et fut peut-être d’abord tout aussi effrayé de moi que moi je l’étais d’eux ; mais je lui fis signe de la main de revenir, et en même temps je m’avançai lentement vers les deux qui accouraient. Tout-à-coup je me précipitai sur le premier, et je l’assommai avec la crosse de mon fusil. Je ne me souciais pas de faire feu, de peur que l’explosion ne fût entendue des autres, quoique à cette distance cela ne se pût guère ; d’ailleurs, comme ils n’auraient pu appercevoir la fumée, ils n’auraient pu aisément savoir d’où cela provenait. Ayant donc assommé celui-ci, l’autre qui le suivait s’arrêta comme s’il eût été effrayé. J’allai à grands pas vers lui ; mais quand je m’en fus approché, je le vis armé d’un arc, et prêt à décocher une flèche contre moi. Placé ainsi dans la nécessité de tirer le premier, je le fis et je le tuai du coup. Le pauvre Sauvage échappé avait fait halte ; mais, bien qu’il vît ses deux ennemis mordre la poussière, il était pourtant si épouvanté du feu et du bruit de mon arme, qu’il demeura pétrifié, n’osant aller ni en avant ni en arrière. Il me parut cependant plutôt disposé à s’enfuir encore qu’à s’approcher. Je l’appelai de nouveau et lui fis signe de venir, ce qu’il comprit facilement. Il fit alors quelques pas et s’arrêta, puis s’avança un peu plus et s’arrêta encore ; et je m’apperçus qu’il tremblait comme s’il eût été fait prisonnier et sur le point d’être tué comme ses deux ennemis. Je lui fis signe encore de venir à moi, et je lui donnai toutes les marques d’encouragement que je pus imaginer. De plus près en plus près il se risqua, s’agenouillant à chaque dix ou douze pas pour me témoigner sa reconnaissance de lui avoir sauvé la vie. Je lui souriais, je le regardais aimablement et l’invitais toujours à s’avancer. Enfin il s’approcha de moi ; puis, s’agenouillant encore, baisa la terre, mit sa tête sur la terre, pris mon pied et mit mon pied sur sa tête : ce fut, il me semble, un serment juré d’être à jamais mon esclave. Je le relevai, je lui fis des caresses, et le rassurai par tout ce que je pus. Mais la besogne n’était pas, achevée ; car je m’apperçus alors que le Sauvage que j’avais assommé n’était pas tué, mais seulement étourdi, et qu’il commençait à se remettre. Je le montrai du doigt à mon Sauvage, en lui faisant remarquer qu’il n’était pas mort. Sur ce il me dit quelques mots, qui, bien que je ne les comprisse pas, me furent bien doux à entendre ; car c’était le premier son de voix humaine, la mienne exceptée, que j’eusse ouï depuis vingt-cinq ans. Mais l’heure de m’abandonner à de pareilles réflexions n’était pas venue ; le Sauvage abasourdi avait recouvré assez de force pour se mettre sur son séant et je m’appercevais que le mien commençait à s’en effrayer. Quand je vis cela je pris mon second fusil et couchai en joue notre homme, comme si j’eusse voulu tirer sur lui. Là-dessus, mon Sauvage, car dès lors je pouvais l’appeler ainsi, me demanda que je lui prêtasse mon sabre qui pendait nu à mon côté ; je le lui donnai : il ne l’eut pas plus tôt, qu’il courut à son ennemi et d’un seul coup lui trancha la tête si adroitement qu’il n’y a pas en Allemagne un bourreau qui l’eût fait ni plus vite ni mieux. Je trouvai cela étrange pour un Sauvage, que je supposais avec raison n’avoir jamais vu auparavant d’autres sabres que les sabres de bois de sa nation. Toutefois il paraît, comme je l’appris plus tard, que ces sabres sont si affilés, sont si pesants et d’un bois si dur, qu’ils peuvent d’un seul coup abattre une tête ou un bras. Après cet exploit il revint à moi, riant en signe de triomphe, et avec une foule de gestes que je ne compris pas il déposa à mes pieds mon sabre et la tête du Sauvage."

(D. DEFOE, Robinson Crusoe)


2. Comparez le portrait des deux Vendredi. Quelles différences remarquez-vous? (2 points)

 "C’était un grand beau garçon, svelte et bien tourné, et à mon estime d’environ vingt-six ans. Il avait un bon maintien, l’aspect ni arrogant ni farouche et quelque chose de très-mâle dans la face ; cependant il avait aussi toute l’expression douce et molle d’un Européen, surtout quand il souriait. Sa chevelure était longue et noire, et non pas crépue comme de la laine. Son front était haut et large, ses yeux vifs et pleins de feu. Son teint n’était pas noir, mais très-basané, sans rien avoir cependant de ce ton jaunâtre, cuivré et nauséabond des Brésiliens, des Virginiens et autres naturels de l’Amérique ; il approchait plutôt d’une légère couleur d’olive foncé, plus agréable en soi que facile à décrire. Il avait le visage rond et potelé, le nez petit et non pas aplati comme ceux des Nègres, la bouche belle, les lèvres minces, les dents fines, bien rangées et blanches comme ivoire. – Après avoir sommeillé plutôt que dormi environ une demiheure, il s’éveilla et sortit de la caverne pour me rejoindre ; car j’étais allé traire mes chèvres, parquées dans l’enclos près de là. Quand il m’apperçut il vint à moi en courant, et se jeta à terre avec toutes les marques possibles d’une humble reconnaissance, qu’il manifestait par une foule de grotesques gesticulations. Puis il posa sa tête à plat sur la terre, prit l’un de mes pieds et le posa sur sa tête, comme il avait déjà fait ; puis il m’adressa touts les signes imaginables d’assujettissement, de servitude et de soumission, pour me donner à connaître combien était grand son désir de s’attacher à moi pour la vie. Je le comprenais en beaucoup de choses, et je lui témoignais que j’étais fort content de lui."

(D. DEFOE, Robinson Crusoe)


3. Quels sont les arguments du Robinson de Tournier pour appeler Vendredi le rescapé? Les trouvez-vous acceptables? (3 points)

"En peu de temps je commençai à lui parler et à lui apprendre à me parler. D’abord je lui fis savoir que son nom serait VENDREDI ; c’était le jour où je lui avais sauvé la vie, et je l’appelai ainsi en mémoire de ce jour. Je lui enseignai également à m’appeler MAÎTRE, à dire OUI et NON, et je lui appris ce que ces mots signifiaient. – Je lui donnai ensuite du lait dans un pot de terre ; j’en bus le premier, j’y trempai mon pain et lui donnai un gâteau pour qu’il fît de même : il s’en accommoda aussitôt et me fit signe qu’il trouvait cela fort bon."

(D. DEFOE, Robinson Crusoe)


4. Pourquoi Vendredi trouble-t-il Robinson? Expliquez le comportement de celui-là. ( 3 points)





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