lundi 24 octobre 2016

LA PÉRIODE TELLURIQUE (ch. 5)




"Revenu alors de mon trouble, je commençai à regarder autour de moi et je trouvai cette caverne fort petite : elle pouvait avoir environ douze pieds ; mais elle était sans figure régulière, ni ronde ni carrée, car la main de la nature y avait seule travaillé. Je remarquai aussi sur le côté le plus profond une ouverture qui s’enfonçait plus avant, mais si basse, que je fus obligé de me traîner sur les mains et sur les genoux pour y passer. Où aboutissait-elle, je l’ignorais. N’ayant point de flambeau, je remis la partie à une autre fois, et je résolus de revenir le lendemain pourvu de chandelles, et d’un briquet que j’avais fait avec une batterie de mousquet dans le bassinet de laquelle je mettais une pièce d’artifice.  
En conséquence, le jour suivant je revins muni de six grosses chandelles de ma façon, – car alors je m’en fabriquais de très-bonnes avec du suif de chèvre ; – j’allai à l’ouverture étroite, et je fus obligé de ramper à quatre pieds, comme je l’ai dit, à peu près l’espace de dix verges : ce qui, je pense, était une tentative assez téméraire, puisque je ne savais pas jusqu’où ce souterrain pouvait aller, ni ce qu’il y avait au bout. Quand j’eus passé ce défilé je me trouvai sous une voûte d’environ vingt pieds de hauteur. Je puis affirmer que dans toute l’île il n’y avait pas un spectacle plus magnifique à voir que les parois et le berceau de cette voûte ou de cette caverne. Ils réfléchissaient mes deux chandelles de cent mille manières. Qu’y avait-il dans le roc ? Étaient-ce des diamants ou d’autres pierreries, ou de l’or, – ce que je suppose plus volontiers ? – je l’ignorais.  
Bien que tout-à-fait sombre, c’était la plus délicieuse grotte qu’on puisse se figurer. L’aire en était unie et sèche et couverte d’une sorte de gravier fin et mouvant. On n’y voyait point d’animaux immondes, et il n’y avait ni eau ni humidité sur les parois de la voûte. La seule difficulté, c’était l’entrée ; difficulté que toutefois je considérais comme un avantage, puisqu’elle en faisait une place forte, un abri sûr dont j’avais besoin. Je fus vraiment ravi de ma découverte, et je résolus de transporter sans délai dans cette retraite tout ce dont la conservation m’importait le plus, surtout ma poudre et toutes mes armes de réserve, c’est-à-dire deux de mes trois fusils de chasse et trois de mes mousquets : j’en avais huit. À mon château je n’en laissai donc que cinq, qui sur ma redoute extérieure demeuraient toujours braqués comme des pièces de canon, et que je pouvais également prendre en cas d’expédition."

(D. DEFOE, Robinson Crusoe)  

Questions de compréhension: (pour mercredi 2 novembre)

1. Expliquez l'origine de la dite "période tellurique" et ce qui va se passer dans la grotte (2 points)

2. Pourquoi Robinson identifie-t-il l'île à sa mêre? (2 p.)

3. Par quelles phrases se manifeste-on que Robison est un produit de l'île? (à deux reprises) Copiez-les. (2 p.)

4. Pourquoi Robinson renonce-t-il à la grotte? (2 p.)

5. Quels sont les deux sens opposés dans lequels se poursuit l'oeuvre de Robinson? (2 p.)






Source des images: Wikipedia

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